Le sombre secret des Whitechapel [spécial Halloween]

Par L'Orga

En tant qu’agents du FBI, vous devez aller enquêter à Night City, une petite bourgade de Louisiane. Plusieurs corps retrouvés et les rumeurs font état d’une bête qui rôde. Les débuts de l’enquête vous amènent sur le perron de la maison des Whitechapel. C’est à vous de jouer.

Par pitié, laissez-nous entrer…

La page Facebook de Victory Escape nous lance l’offre promotionnelle : « Le [sombre] secret des Whitechapel » – version Halloween. La tentation est trop forte ! Sûrement un des escape games les plus prometteurs en terme de peur. Alors ni une, ni deux, on réserve. Je passe à la licence le soir même pour réserver. On m’y vante le côté malsain de la salle et j’imagine la suite : je m’en frotte les mains d’avance !

Le jour J arrive et nous entrons tout sourire chez Victory Escape en même temps que 3 autres groupes pour les 3 autres salles. Tout comme nous, ces groupes n’avaient pas finis de payer leurs réservations, donc il fallait encaisser une vingtaine de joueurs, un par un. C’est donc à travers le brouhaha ambiant des voix de 25 joueurs que les game masters à l’accueil tentent de se faire entendre dans les 10 m² de l’accueil : c’est peine perdue.

Du coup, après avoir payé, on s’éclipse discrètement dans la salle d’à côté pour aller se servir un verre, un peu plus au calme. Les fondamentaux sont là en libre service et pendant que les game masters se repartissent les troupes, nous papotons tranquillement. Le briefing s’annonçant relativement long – comprendre que notre game master allait nous offrir l’éventail complet des consignes d’un escape game pour débutants – on tente de couper un peu court aux explications en expliquant que nous sommes Vraiment en terrain connu. Mais comme un magnétophone enraillé, elle reprend presque à la virgule près là où elle en était… tant pis, on aura essayé, en route pour la 235e explication de ce qu’est un escape game… #gros soupir #s’adapter à son auditoire.

Par pitié, équipez-nous correctement

Nous retournons ensuite dans le couloir central qui résonne terriblement pour déposer – tant bien que mal – nos affaires à travers les autres joueurs qui vont et qui viennent en parlant tous plus fort les uns que les autres ; le temps paraissait déjà long à ce moment là de la soirée… et dire que ce n’était que le début.

L’histoire des Whitechapel nous est contée par notre game master visiblement débordée, de manière décousue, s’interrompant dans son discours pour avoir oublié – dans l’ordre chronologique – les lampes, puis les documents et enfin le talkie-walkie… Nous entrons enfin dans l’escape game pour sûrement affronter ce qui doit être la plus grande frayeur de notre vie.

Une fois encore, un escape game où l’on a moins de lampes que de joueurs (oui il n’y pas trop de moyens au FBI). Donc, 2 joueurs fouillent pendant que les 3 autres s’emmerdent prodigieusement à la faible luminosité des lieux. Et justement c’est la fouille qui aura une part importante dans ce début d’escape game, et ce, même quand on pense tout avoir. Ceci étant le soucis n’étant pas forcement de trouver les objets, mais plutôt d’assembler les idées entre elles. Tout d’abord parce que le texte n’est pas clair pour deux ronds, ensuite bah je suis désolé, mais au niveau des formes géométriques, on est quand même très loin d’avoir acquis le concept chez Victory Escape (oui, je vous assure qu’un losange et un trapèze sont bien deux formes distinctes).

Par pitié, que cela s’arrête !

Bref, après avoir lutté sur la première énigme – et avoir un peu été laissés à l’abandon – nous continuons notre avancée à tâtons vers la deuxième énigme… richement accessoirisée par une cassette de 90 minutes [Vous savez ces bonnes vieilles cassettes de bagnoles sur lesquelles on écoutait du Goldman]. Hé bien pour mettre un message de 10 secondes – allez 12 pour ne pas être de mauvaise foi – chez Victory Escape, ils prennent une cassette de 90 putain de minutes ! IMP-OSSI-BLE de trouver où était, dans la bande son, le passage qui nous intéressait. Après quelques longues minutes de rembobinage dans les 2 sens, notre game master a dû avoir pitié de nous et nous communique la phrase à l’oral en mode semi rôle play (bien rattrapé, mais super tardivement). Ouf, enfin deux énigmes de passées mais avec la maudite sensation que 3 années de ma vie viennent aussi de s’évaporer par la même occasion…

La suite ? Vous me demandez la suite ? Si je devais rentrer dans tous les détails ça piquerait sévère. Alors par où commencer ? Tout d’abord nous n’avons pas sursauté à un seul moment et à vrai dire, on se demande encore où nous étions censés avoir peur. Pour rappel nous avons payé un supplément pour Halloween pour frissonner. Il n’y a rien de stressant, rien de rajouté à part peut-être 3 toiles d’araignées ? Aucune idée après coup et au final, ayant tellement eu l’impression d’être pris pour des cons, je m’en fous.

Par pitié, achevez-nous…

Et la nature des énigmes alors ? Ah oui, parlons des énigmes. Elles n’ont pas vraiment de sens ni d’intérêt. Elles ne donnent pas de cohérence au jeu ou à l’intrigue, ne sont même pas dans le thème attendu. C’est juste des astuces à mettre en place pour trouver des chiffres quoi… Si certaines énigmes ou mécanismes auraient pu être plaisants voire bien exploités, on s’évertue à les gâcher par une réalisation approximative ou une absence de connexion logique entre les éléments liés à la narration. Tout ça pour aboutir sur une énigme finale comme une apothéose de toute beauté… Quelle sombre merde sans intérêt ! Elle partait d’une bonne intention pourtant. Elle voulait nous faire revenir à la raison de notre présence dans ce scénario. Mais non, elle retombe comme un soufflé…

Au moins on a de beaux décors ? Bah… euh… non plus. Le papier n’est pas déchiré pour faire style, non ! Il est décollé pour faire pauvre.  Les pièces sont étroites à 5 joueurs, ils proposent de la faire à 6 et en plus ils nous rajoutent un acteur ! D’ailleurs « l’acteur spécial Halloween », qui est sûrement censé nous effrayer (ah ah ah) avait dans ses poches son portable et son paquet de clopes (pour rappel, on devait le fouiller pour trouver des indices…). Bravo gars, mais c’est super professionnel ! Après, on était presque contrits pour lui en fait, tellement son rôle a été navrant et il n’avait qu’à subir la situation en attendant que ça se passe. Je gage que ça a été au moins aussi pénible pour lui que pour nous.

Par pitié, laissez-nous sortir !

Sincèrement, après 30 minutes d’escape game sans spécialement d’aiguillage sur notre sort, nous étions cinq et nous avons tous les cinq abandonnés. Le reste n’a été que souffrance et peine où on attendait presque que quelqu’un vienne nous sortir de là. Si on avait dû être payé un euro le soupir, on remboursait notre escape game et tout ceux de la journée.

Il n’y a donc pas grand chose à dire de plus. Pas de décor intéressant, pas d’énigmes associées à l’intrigue, une ambiance à peine sale et pour une version Halloween, c’est concrètement un foutage de gueule sans nom. Il n’y a rien à retirer de cette heure et demi passée là-bas. Au final, notre game master a eu beau défendre son escape game et nous expliquer la résolution des étapes finales du scénario avec son plus beau sourire, elle n’aura pas poussé le masochisme au point de nous demander notre avis en partant. Elle savait bien qu’elle allait s’attirer nos foudres.

Au final, un escape game version Halloween (ou pas) qui n’a rien d’intéressant. Je suis profondément déçu qu’on puisse encore faire quelque chose d’aussi mauvais et oser l’appeler escape game. J’ai le profond sentiment de m’être fait complètement avoir et j’ai horreur de ça !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.